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Les Années LOL

  • Les ingrédients d'un chantier réussi

    • Temps de convivialité pour démarrer
    • Activités avant le repas pour préparer la suite
    • Être assez nombreu-ses-x (quinze c'est optimum)
    • Arriver avec quelque chose (outil, plante à repiquer, ingrédient repas)
    • Préparation du chantier en amont (dont organisation de la journée, timing et outillage)
    • Diversité des tâches
    • Pas de « petite tâche », tout le monde trouve sa place
    • Liberté de choix des activités
    • Liberté d’essayer quelque chose de nouveau
    • Sécurité
    • Terminer et ranger
    • Temps convivial de fin de chantier
    • Prévoir la suite

    Ce dimanche 12 février 23 nous étions à Senonches chez Thibaut et Julie et les ingrédients étaient réunis ! (suite à Senonches: plantations dans les paltebandes au printemps)

    Chantier 12fev23

  • Rapport d'activité 2022

    Rapport d activite 2023rapport-d-activite-2022.pdf (275.4 Ko)

    Animations en milieu scolaire : 56 animations réalisées avec

    8 INFO-climat
    5 animations Nichoirs-Mangeoires OISEAUX
    3 animations INFO 2èVie
    8 animations Potager en bottes de paille
    12 animations Hôtel à Insectes en Terre-Paille
    10 animations Plantes sauvages
    4 animations Le contenu de mon assiette
    4 animations mares et cours d’eau
    2 animations Poulailler Mobile

    Réalisation des animations dans la cadre de la Convention passée avec la Ligue de l’Enseignement FOL 28 en juin 2021 avec implication prioritaire d’Adèle VENARD formée aux animations par sykadap et nouvellement recrutée par la Ligue.

    Reconduction de la Convention avec des évolutions portées au document cosigné de la Convention 2022-2023 :

    Cette année Adèle est en formation d’animatrice nature à Sées (61) et a donc des périodes d’indisponibilité pour assurer les animations avec sykadap. De ce fait, « Pour les séances non retenues par Adèle, sykadap assure la préparation et la réalisation de ces séances hors convention. Le nombre total d’animations assurées sera adapté à la demande et aux possibilités des deux partenaires ».

    « La logistique des animations qui nécessitent des supports matériels et de l’outillage se fait en commun. Pour cela des temps de coordination à raison d’un par trimestre sont programmés (dates définies vers le 15 septembre, le 15 décembre, le 15 mars, le 15 juin). Des moments dédiés de gestion du matériel commun sont planifiés lors de ces rencontres selon les besoins identifiés ».

    « Un espace de stockage en commun des matières et outillage (évalué à 100 m2) est proposé par mise à disposition de la grange située au siège de sykadap, 3 place St Georges à Plancheville, 28800 Le gault St Denis, avec une prise en charge partagée de cet espace : la Ligue 28 apporte une contribution à hauteur de la moitié du montant de la location de cet espace soit 50 eur. / mois à compter du 1er janvier 2023. Les achats sont groupés et co-financés. »

    Première réalisation du Festival ‘Clap’Adap’ du film du climat qui change. Thématique sur l’alimentation. 9 séances programmées en avril 2022, deux en espace rural en lien avec des agriculteurs, deux en lycée, cinq au cinéma les Enfants du Paradis à Chartres. Débats avec la salle et interventions de témoins locaux.
    Réalisation en relation avec la mission du Volontaire Service Civique Bastien JOUINI qui a terminé sa mission fin juin 2022. Renouvellement de l’agrément VSC / association sykadap d’intérêt général pour trois ans à compter d’octobre 22.

    La nouvelle animation «  Poulailler mobile » a été testée et validée en école à Maintenon et Dammarie. Cette année 2022-2023 le planning a été rapidement complet, les écoles sont intéressées par ces modalités qui permettent d’introduire un micro élevage pour une rencontre temporaire ou pour envisager une installation plus pérenne. Pour l’association, ces animations sont un petit substitut de rentrée financière mais aussi la nécessité d’un suivi (gestion de la petite troupe, animations de rencontre avec les classes) et l’immobilisation de la remorque grande capacité utilisée par l’association sur les périodes d’implantation du poulailler en école.

    Côté micro élevage, nous avons eu aussi à gérer cette année à Plancheville la naissance de 16 canetons et de 12 poussins. L’essaimage de ces naissances a eu lieu localement chez les personnes volontaires pour monter leur petit élevage domestique.

    Réalisation des chantiers paille chez Gervais et Sylvie Arrondeau d’une part avec stockage de 100 ballots à Dancy et chez Jean-Noël Touchard d’autre part avec transfert de 200 petites bottes par la route à Plancheville. Nous avons aussi assisté Jean-Noël dans sa production de cidre fermier selon la méthode ancestrale, depuis la récolte des pommes jusqu’à la mise en bouteille, par une suite de rendez-vous sur plusieurs mois.

    Réseautage : nous avons eu des rencontres de prise de contact avec Eure et Loir Nature et avec l’école AVEA28 de Luisant (9 février), de suivi de relation avec Effusion (thématique céréales anciennes et pain le 22 septembre, animations quartier Maunoury de Lucé à partir du mois de mai) et avec les amis des plantes de Barjouville (Fête des Plantes les 8 et 9 octobre), de partenariat avec la Rurale (AG le 27 février) et la Ligue de l’enseignement FOL28  dont sykadap a rejoint le 15 octobre le tout nouveau Réseau des partenaires de la transition écologique en Eure et Loir, et le groupe des ‘sympiatiks’ de St Piat. Sykadap a aussi rejoint depuis 2021 la fédération Environnement Eure et Loir (FEEL) pour mener à plusieurs des combats sur le volet des grands chantiers inutiles et imposés (GPII) tels que l’autoroute A154. Un combat de résistance citoyenne avec le soutien juridique de Maître Bruno Galy a aussi amené des membres de sykadap à s’interposer dans le cadre d’un projet immobilier illégal proche du centre ville de Chartres, pour préserver des espaces boisés classés et irremplaçables. Cette lutte menée conjointement avec l’association Chartres écologie a conduit à l’occupation d’une partie du site de la chambre des métiers et de l’artisanat pendant 37 jours à compter du 22 août (zone d’arbres à défendre- ZAD) et a permis l’activation du ‘collectif troismarron’ / ‘3M’, la création de l’association « ADEAC 22 août » dont l’objet est la lutte contre les projets écocidaires de plus en plus nombreux sur l’agglomération des 66 communes de Chartres Métropole. A noter que Nelly Reigner, doctorante en géographie a pris contact avec l’association sykadap à partir d’avril pour s’intéresser à l’association comme terrain d’étude sociologique.

    La dynamique des terrains au sein de l’association sykadap se poursuit avec :

    Le site de Plancheville qui confirme son ancrage : poulailler, permaculture, rucher, mares, rencontres et activités partagées (‘Quoi de neuf’ le 6 juillet avec 21 personnes, ‘camp climat’ de février avec 16 personnes).
    Le site de Dancy avec sa mini-forêt, ses arbres fruitiers qui ont été arrosés à plusieurs reprises cet été avec l’eau de récupération stockée en sous sol, sa mare créée en février, ses nouveaux espaces de culture légumière.
    Le site de Lèves en plein développement pour cette deuxième année avec sa mare créée au printemps, son poulailler mis en route le 27 mai, ses zones de culture légumières, ses arbres fruitiers, ses espaces boisés et mycorhizés. Le groupe a préparé le terrain pour pouvoir avoir une terre bien riche au printemps. La cabane est recouverte d'une bâche et c’est à nouveau possible de récupérer l'eau, le poulailler est en cours d'aménagement pour affronter l'hiver. Du mobilier en palettes a été apporté. Daniel est passé pour aider à identifier les arbres et il est prévu des journées pour la taille pendant les vacances de février.


    Le site de Senonches qui a démarré cette année avec sa parcelle de pâturage, ses haies programmées, son projet d’espace légumier et fruitier.

    Tous ces sites donnent lieu à des groupes d’activité qui se retrouvent périodiquement pour mener les projets et vivre des moments de travail et de rencontre partagés.

    Le camp climat en février a été l’occasion de revisiter l’argumentation sur les enjeux des nucléaires civil et militaire (projection du film « La Bombe » de Peter Watkins et débat en marguerite sur l’opportunité du nucléaire civil), de réfléchir aux possibles nouvelles orientations de l’association sykadap, d’avoir des activités d’auto-formation (sur les oiseaux) et pratiques (greffes, mare).

    Les activités de visites et autres balades proposées au sein de l’association par les membres ont eu lieu à nouveau cette année, variées et diverses : ferme de bouquetière le 20 février, visite de la Feuilleraie à Happonvilliers le 20 août, visite de l’éco-refuge de Digny, de l’association des vergers de Boisville à Mainvilliers le 3 juin, sortie botanique au bois de Cambrai à Germignonville le 11 juin (co-organisée avec l’association partenaire Qualité de Vie Sud Eure et Loir).

    Activités de communication : 50 000 pages vues en 2022 (33000 en 2021) sur le blog http://sykadap.e-monsite.com/ 47500 vues sur la chaine Youtube sykadap https://www.youtube.com/channel/UCl2_ZNB_R68yZk-6vFJsIBA qui a maintenant 400 abonnés (+80 abonnés en 2022).

    Perspectives pour 2023

    31 animations sont programmées entre janvier et juillet 2023 à ce jour.

    Projet de temps de formation-action sur la thématique du travail du bois (mobilier en palettes, utilisation d’outillage créatif), et aussi des greffes, tailles, semis, bouturage. Camp climat en janvier-février avec avancement de l’aménagement du terrain de Senonches et réflexion sur la mise en route de l’éco-pâturage. Aménagement de la grange de Plancheville, espace de travail partagé avec La Ligue.

    Poursuite des liens dans le réseau. Poursuite des actions (expertise, action judiciaire, interposition, médiatisation) au sein de collectifs contre les montages écocidaires dans le département.

    Renouvellement des chantiers paille, des plantations d’arbres et de haies. Gestion continuée des micros élevages.

    Création d’une conférence gesticulée avec des réflexions autour des projets routiers/ autoroutiers dans le département. Participation au festival Orties Culture des 5 et 6 mai 2023 à Tremblay les Villages.

    Projet d’évolution de la Convention avec la Ligue de l’Enseignement FOL 28 par le transfert progressif des opérations de devis, facturation aux écoles à la Ligue de l’Enseignement FOL 28, cela à partir de septembre 2023.

  • CA du 5 janvier 2023

    Présents : Thibaut M, Sylvie, Françoise B, Sonia, Pascale, Zahra, Carol-Anne, Bernard, Ghislaine.

    Excusé : Laurent (pensée pour sa maman qui vient de décéder)

    Compte-rendu d'activité 2022 de l'association sykadap,
    vous avez  pu en prendre connaissance et faire remonter des modifs/ ajouts que vous souhaitiez voir paraître.
    La diffusion de ce document statutaire aura lieu en ce début d'année.

    Voir pour l'invitation à l'Assemblée générale dont la date pourrait être le samedi 11 mars (anniv de Sonia !) à 17h à Plancheville.

    Ordre du jour du CA ce jour à Luisant.

    -      - soutien annuel à la Ferme de la Métairie de Massuères de 150 eur. / mise à disposition d’un tracteur agricole (en particulier lors du chantier paille).

    -      - Montant adhésion à définir pour 2023 : pour info, l’adhésion moyenne s’établit en 2022 à 17,35 eur. (1232 eur. pour 71 adhérents) . Reconduction de l’adhésion libre avec 8 eur. mini.

    -      - Relance adhésions début 2023 : la trésorière va effectuer cette relance. Le CA contribuera à la formulation de ce courrier de début d’année.

    -      - Bail grange de Plancheville qui démarre au 1er janvier 2023. 100 eur / mois de location payé par sykadap à Pascale et Bernard Cordier. Remboursement de la moitié de cette quote part par la Ligue à sykadap (en déduction des facturations de la Ligue à sykadap), donc 50 eur/ mois réellement à la charge de l’association. Contribuera principalement au recouvrement des impôts locaux en forte augmentation. La grange sert comme lieu de travail, avec outillage et matériaux stockés, pour préparer et assurer les animations en école, peut aussi servir à remiser des remorques utilisées en animation.

    -      - Proposition d’une journée en janvier sur un samedi (samedi 28 janvier) : cette journée sera l’occasion de lancer l’utilisation des locaux de la grange ouverte à tous avec fabrication de nichoirs.

    -      - Durant les vacances de février, sur un week-end (18-19 février) qui constituera le camp climat, avec une journée à Senonches pour avancer sur la plantation de la haie en bordure du terrain de Thibaut et Julie (où vient d’être construite une bergerie et où sont parqués les 2 moutons race soay). Il y aura aussi constitution de planches de culture surélevées avec bords en bois de palette et constituées principalement de fumier (moutons, lapins, poules) en préparation pour la culture de courges. L'organisation des activités d'éco-pâturage sera aussi débattue lors de cette journée. L’autre journée peut être organisée sur le terrain de Lèves (tailles des fruitiers).

    -      - Clap Adap en 2è semestre 23 ? Dates et thématique ? Constitution d’un groupe de volontaires ? Déjà trois films en présélection : « Bigger than us » de Flore Vasseur (2021), « No » de Pablo Barrain (2012), « le génie des arbres » d’Emmanuelle Nobecourt (2020). Thème du festival cette année 2023 : l’engagement, l’énergie d’aujourd’hui ?.

    .

    -      - Suite du collectif troismarron et du collectif des vergers d’Epernon et aussi des combats menés par la FEEL avec le collectif « NON à l’A154/ A120 ». Explication du débat interne sur le pour ou contre MOB28.

    -      -  Animations en école. Créneaux APC, poulailler mobile, nouvelles animations mares et cours d’eau, évolution de la convention avec la Ligue.

    -      - Actualité des terrains. Plancheville, Dancy, Lèves, Senonches. Des liens possibles aussi avec Toulifaut, avec Auvilliers (poulailler et serre à créer chez André).

    -      - Autres points : témoignage et échange avec Zahra et Tibaut sur la situation en Iran, sur l’engagement.

  • un million de milliards de connexions

    Notre cerveau ne pèse que 1,3 kg en moyenne, soit 1,5% du poids du corps, alors qu’il consomme plus de 20% de notre énergie totale afin d’alimenter 89 milliards de cellules neuronales. Chacune pouvant établir plus de 10 000 connexions, le fonctionnement de notre cerveau engendre plus d’un million de milliards (1015) de connexions à chaque instant.

    Cette extraordinaire complexité du cerveau humain est le résultat d’une très longue évolution (500 millions d’années) qui s’est progressivement établie à trois niveaux :
    1/ une évolution biologique allant du singe à l’Homo sapiens sapiens ;
    2/ une évolution individuelle et environnementale, innée et propre à notre espèce qui se singularise au cours de notre développement par épigénèse, c'est-à-dire en sélectionnant les réseaux neuronaux les plus stimulés par notre environnement ;
    3/ une évolution sociale et culturelle, sous l’influence de l’expérience et de l’éducation, par intégration des comportements, des codes et des valeurs d’une ou plusieurs cultures et sa transmission par épigénétique.

    Ainsi notre cerveau se modifie en permanence grâce au mécanisme de la plasticité cérébrale (…) c’est un organe en perpétuelle modification : non seulement sa morphologie et sa structure évoluent, mais, plus encore, son fonctionnement peut être dynamiquement reconfiguré à chaque instant.

    Dans notre organisation cérébrale, le système émotionnel (réseau de la saillance) se révèle tout aussi important que le système spéculatif et sensorimoteur (réseau exécutif) ou que le système de pensée libre ou associative (réseau par défaut). D’aucuns avancent même, avec de solides arguments, que le système émotionnel serait le maître à bord qui orienterait le fonctionnement des autres réseaux. S’il est donc fondamental d’apprendre à le gérer, il est en revanche dangereux ou très handicapant de chercher à l’étouffer.

    Source:  Fanny Nusbaum
    Les philo-cognitifs (Odile Jacob, 2019)

    Si nous mettions ces ressources en connexion au sein d'un collectif ...

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  • David Graeber Pour une anthropologie anarchiste

    David Graeber David graeber notes de lecturedavid-graeber-notes-de-lecture.pdf (83.39 Ko)

    Pour une anthropologie anarchiste

    Lux éditions, 2004

    Extraits

    P92-93

    Pendant les manifestations qui ont précédé le Forum économique mondial, une brochette d’hommes d’affaires importants, d’attachés de presse de grandes entreprises et de politiciens, tout en développant des réseaux de relation et en buvant des cocktails au Waldorf Astoria, prétendaient discuter des moyens de réduire la pauvreté mondiale. J’ai été invité à participer à un débat à la radio avec un de leurs représentants. La tâche a finalement échu à un autre militant, mais je me suis rendu assez loin pour préparer un programme en trois points qui, je pense, aurait bien résolu le problème :

    • L’annulation immédiate de la dette internationale (une amnistie pour les dettes personnelles n’est peut-être pas une mauvaise idée non plus, mais c’est une autre question) ;
    • L’annulation immédiate de tous les brevets et autres droits de propriété intellectuelle liés aux technologies de plus d’un an ;
    • L’élimination de toutes les restrictions à la liberté de déplacement ou de choix de lieu de résidence dans le monde.

    Le reste se règlerait tout seul ou presque. Aussitôt qu’il ne serait plus interdit à l’habitant moyen de Tanzanie ou du Laos de s’installer à Minneapolis ou à Rotterdam, les gouvernements de tous les pays riches et puissants dans le monde décideraient certainement que rien n’est plus important que de trouver un moyen de s’assurer que les personnes en Tanzanie ou au Laos préfèrent y rester. Pensez-vous vraiment qu’ils ne trouveraient pas une solution ?

    (…) Mais me direz-vous, ces demandes sont complètement irréalistes ! C’est vrai. Mais pourquoi le sont-elles ? ¨Principalement parce que ces hommes riches réunis au Waldorf ne les tolèreraient jamais. C’est pourquoi nous disons que ce sont eux le problème.

    P 83-84

    Les efforts incessants pour « naturaliser » le capitalisme en le réduisant à une question de calcul commercial (ce qui permet ensuite de prétendre qu’il est aussi ancien que Sumer) rendent impérative cette proposition d’une autre théorie du capitalisme :

    Nous avons besoin, à tout le moins, d’une théorie adéquate du travail salarié et des autres relations apparentées. C’est, après tout, dans le travail salarié, et non en achetant et en vendant, que la plupart des humains gaspillent aujourd’hui la majeure partie de leurs journées, et c’est ce qui les rend malheureux. (Par conséquent, les Industrial Workers of the World IWW ne disaient pas qu’ils étaient anticapitalistes même s’ils l’étaient ; ils allaient droit au but et disaient être « contre le système du salariat »). Les premiers contrats de travail salarié que nous possédons semblent concerner la location d’esclaves. Et si notre modèle du capitalisme partait de là ? Si des anthropologues comme Jonathan Friedman avancent que les formes anciennes d’esclavage étaient simplement une version plus ancienne du capitalisme, on pourrait tout aussi bien démontrer – à vrai dire, beaucoup plus facilement – que le capitalisme moderne est juste une nouvelle version de l’esclavage. Plutôt que d’être vendus ou loués par d’autres, on se loue soi-même. Mais c’est essentiellement la même sorte d’arrangement.

    P 93-94

    Pour les anarchistes, la lutte contre le travail a toujours été centrale, comprise non comme la lutte pour de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail, mais comme l’élimination totale du travail en tant que relation de domination. D’où le slogan des Industrial Workers of the World (IWW) « contre le système salarial ». C’est un objectif à long terme bien sûr. A court terme, ce qui ne peut être éliminé peut au moins être limité. Au tournant du siècle dernier, les Wobblies et autres anarchistes ont joué un rôle central dans l’obtention de la semaine de cinq jours et de la journée de huit heures. Dans les années 20 et à nouveau aujourd’hui, ce qui devait être la nouvelle étape de leur programme est la semaine de 16 heures (« la semaine de quatre jours, la journée de quatre heures). Encore une fois, cela semble complètement irréaliste et même insensé. Mais quelqu’un a-t-il réalisé une étude de faisabilité ? Après tout, il a été démontré à plusieurs reprises qu’un nombre important des heures travaillées aux États-Unis ne sont nécessaires, en fait, que pour remédier aux problèmes engendrés par le fait que les Américains travaillent trop. (prenez par exemple, des emplois comme livreurs de pizzas de nuit ou toiletteur pour chiens, ou ces femmes qui tiennent des garderies de nuit pour les enfants des femmes qui doivent travailler la nuit pour garder les enfants de femme d’affaires… sans mentionner les heures interminables que passent les spécialistes à réparer les dommages émotionnels et physiques causés par le surmenage, les blessures, les suicides, les divorces, les déchaînements meurtriers, la production de médicaments pour calmer les enfants…)

    Quels emplois sont vraiment nécessaires alors ?

    Eh bien pour commencer, il y a beaucoup d’emplois dont la disparition serait, de l’avis général, un gain net pour l’humanité. Prenez, par exemple, les télévendeurs, les fabricants de véhicules utilitaires sport « allongés », et, puisqu’on y est, les avocats d’entreprise. Nous pourrions aussi éliminer toute l’industrie de la publicité et des relations publiques, renvoyer tous les politiciens et leur personnel (…) et nous serions encore très loin des fonctions sociales essentielles. L’élimination de la publicité réduirait aussi la production, le transport et la vente de produits superflus. (…) l’élimination des inégalités signifierait que nous n’aurions plus besoin des services de la majorité des millions de personnes actuellement employées comme portiers, gardes de sécurité privés, gardiens de prison ou membres de forces spéciales d’intervention, sans parler des militaires. Au-delà de cela il faudrait faire des recherches. Les financiers, les assureurs et les courtiers en valeurs mobilières sont tous essentiellement des parasites (…). L’un dans l’autre, si nous définissons le travail qui est vraiment nécessaire pour maintenir un niveau de vie confortable et écologiquement durable, et si nous redistribuons les heures de travail, le programme Wobbly pourrait se révéler parfaitement réaliste. D’autant que ce n’est pas comme si quelqu’un allait être forcé d’arrêter de travailler après quatre heures, s’il souhaite continuer. Beaucoup de personnes aiment leur emploi , sûrement plus que de paresser toute la journée ( c’est pourquoi dans les prisons, ils privent les détenus de leur droit au travail quand ils veulent les punir), et beaucoup plus encore l’aimeraient si on éliminait les humiliations continuelles et les jeux sadomasochistes qui découlent inévitablement de l’organisation hiérarchique. Il pourrait même se révéler que personne n’aurait à travailler plus qu’il ne le souhaite.

    Cela soulève bien sûr la question « qui effectuera le sale boulot ? », une question qui est toujours lancée aux anarchistes et autres utopistes. Pierre Kropotkine a fait remarquer il y a longtemps que c’était un sophisme. Il n’y a pas de raison pour qu’il y ait des sales boulots. Si on divisait les taches désagréables également, tous les scientifiques et ingénieurs de renom devraient aussi les effectuer ; et on pourrait alors s’attendre à ce que des cuisines autonettoyantes et des robots pour l’extraction du charbon soient conçus presque instantanément.

    P 34

    Exemple des Piaroa

    Ils accordent une grande valeur à la liberté et à l’autonomie individuelles et veillent à ce que personne ne soit jamais sous les ordres de quelqu’un d’autre, et à ce que personne n’obtienne le contrôle des ressources économiques tel qu’il puisse être utilisé pour restreindre la liberté des autres. Pourtant les Piaroa insistent aussi que la culture piaroa elle-même, a été créée par un dieu maléfique, un bouffon cannibale à deux têtes. (…) les piaroa sont reconnus pour leur pacifisme, le meurtre n’existe pas, (…) notons qu’il y a un contraste frappant entre le contenu cosmologique qui est pour le moins tumultueux, et le processus social qui, lui, recherche la médiation et le consensus.

    P 57

    Il y a longtemps eu un débat sur l’avantage spécial dont disposait « l’Occident » (comme l’Europe de l’Ouest et ses colonies se plaisait à s’appeler) sur le reste du monde et qui lui avait permis d’en conquérir une si grande partie au cours des quatre siècles qui s’étendent de 1500 à 1900. (…) peut-être n’était-ce qu’une coïncidence. Il se trouvait que l’Europe de l’Ouest était située dans la région de l’Ancien Monde d’où il était le plus facile de voguer vers le Nouveau Monde. Ceux qui l’ont fait les premiers avaient la chance incroyable de découvrir des terres débordantes de richesses, peuplées de populations à l’âge de pierre sans défense et qui ont, fort à propos, commencé à mourir presque dès le moment où les Européens ont débarqué. La manne qui en a résulté et l’avantage démographique de disposer de terres pour écouler leurs excédents de population étaient amplement suffisants pour expliquer les succès ultérieurs des puissances européennes.

    P 67

    La documentation sur l’ethnogenèse est assez récente, mais il est de plus en plus clair que la majeure partie de l’histoire humaine a été caractérisée par un changement social constant. (…) nombre de ceux que nous percevons aujourd’hui comme des tribus, des nations ou des groupes ethniques étaient à l’origine des projets collectifs d’une sorte ou d’une autre. (…) on avançait en sculptant la chair, au sens propre comme au sens figuré, par la musique et les rituels, la nourriture et les vêtements, et les pratiques funéraires. C’est en partie pour cela qu’avec le temps, ce qui au départ est un projet devient une identité, une identité qui peut elle-même paraître en continuité avec la nature, ancrée en elle. Les projets s’ossifient et se solidifient en vérités ou en caractéristiques collectives qui ont la force de l’évidence.

  • David Graeber Pour une anthropologie anarchiste

    David Graeber David graeber notes de lecturedavid-graeber-notes-de-lecture.pdf (83.39 Ko)

    Pour une anthropologie anarchiste

    Lux éditions, 2004

    Extraits

    P92-93

    Pendant les manifestations qui ont précédé le Forum économique mondial, une brochette d’hommes d’affaires importants, d’attachés de presse de grandes entreprises et de politiciens, tout en développant des réseaux de relation et en buvant des cocktails au Waldorf Astoria, prétendaient discuter des moyens de réduire la pauvreté mondiale. J’ai été invité à participer à un débat à la radio avec un de leurs représentants. La tâche a finalement échu à un autre militant, mais je me suis rendu assez loin pour préparer un programme en trois points qui, je pense, aurait bien résolu le problème :

    • L’annulation immédiate de la dette internationale (une amnistie pour les dettes personnelles n’est peut-être pas une mauvaise idée non plus, mais c’est une autre question) ;
    • L’annulation immédiate de tous les brevets et autres droits de propriété intellectuelle liés aux technologies de plus d’un an ;
    • L’élimination de toutes les restrictions à la liberté de déplacement ou de choix de lieu de résidence dans le monde.

    Le reste se règlerait tout seul ou presque. Aussitôt qu’il ne serait plus interdit à l’habitant moyen de Tanzanie ou du Laos de s’installer à Minneapolis ou à Rotterdam, les gouvernements de tous les pays riches et puissants dans le monde décideraient certainement que rien n’est plus important que de trouver un moyen de s’assurer que les personnes en Tanzanie ou au Laos préfèrent y rester. Pensez-vous vraiment qu’ils ne trouveraient pas une solution ?

    (…) Mais me direz-vous, ces demandes sont complètement irréalistes ! C’est vrai. Mais pourquoi le sont-elles ? ¨Principalement parce que ces hommes riches réunis au Waldorf ne les tolèreraient jamais. C’est pourquoi nous disons que ce sont eux le problème.

    P 83-84

    Les efforts incessants pour « naturaliser » le capitalisme en le réduisant à une question de calcul commercial (ce qui permet ensuite de prétendre qu’il est aussi ancien que Sumer) rendent impérative cette proposition d’une autre théorie du capitalisme :

    Nous avons besoin, à tout le moins, d’une théorie adéquate du travail salarié et des autres relations apparentées. C’est, après tout, dans le travail salarié, et non en achetant et en vendant, que la plupart des humains gaspillent aujourd’hui la majeure partie de leurs journées, et c’est ce qui les rend malheureux. (Par conséquent, les Industrial Workers of the World IWW ne disaient pas qu’ils étaient anticapitalistes même s’ils l’étaient ; ils allaient droit au but et disaient être « contre le système du salariat »). Les premiers contrats de travail salarié que nous possédons semblent concerner la location d’esclaves. Et si notre modèle du capitalisme partait de là ? Si des anthropologues comme Jonathan Friedman avancent que les formes anciennes d’esclavage étaient simplement une version plus ancienne du capitalisme, on pourrait tout aussi bien démontrer – à vrai dire, beaucoup plus facilement – que le capitalisme moderne est juste une nouvelle version de l’esclavage. Plutôt que d’être vendus ou loués par d’autres, on se loue soi-même. Mais c’est essentiellement la même sorte d’arrangement.

    P 93-94

    Pour les anarchistes, la lutte contre le travail a toujours été centrale, comprise non comme la lutte pour de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail, mais comme l’élimination totale du travail en tant que relation de domination. D’où le slogan des Industrial Workers of the World (IWW) « contre le système salarial ». C’est un objectif à long terme bien sûr. A court terme, ce qui ne peut être éliminé peut au moins être limité. Au tournant du siècle dernier, les Wobblies et autres anarchistes ont joué un rôle central dans l’obtention de la semaine de cinq jours et de la journée de huit heures. Dans les années 20 et à nouveau aujourd’hui, ce qui devait être la nouvelle étape de leur programme est la semaine de 16 heures (« la semaine de quatre jours, la journée de quatre heures). Encore une fois, cela semble complètement irréaliste et même insensé. Mais quelqu’un a-t-il réalisé une étude de faisabilité ? Après tout, il a été démontré à plusieurs reprises qu’un nombre important des heures travaillées aux États-Unis ne sont nécessaires, en fait, que pour remédier aux problèmes engendrés par le fait que les Américains travaillent trop. (prenez par exemple, des emplois comme livreurs de pizzas de nuit ou toiletteur pour chiens, ou ces femmes qui tiennent des garderies de nuit pour les enfants des femmes qui doivent travailler la nuit pour garder les enfants de femme d’affaires… sans mentionner les heures interminables que passent les spécialistes à réparer les dommages émotionnels et physiques causés par le surmenage, les blessures, les suicides, les divorces, les déchaînements meurtriers, la production de médicaments pour calmer les enfants…)

    Quels emplois sont vraiment nécessaires alors ?

    Eh bien pour commencer, il y a beaucoup d’emplois dont la disparition serait, de l’avis général, un gain net pour l’humanité. Prenez, par exemple, les télévendeurs, les fabricants de véhicules utilitaires sport « allongés », et, puisqu’on y est, les avocats d’entreprise. Nous pourrions aussi éliminer toute l’industrie de la publicité et des relations publiques, renvoyer tous les politiciens et leur personnel (…) et nous serions encore très loin des fonctions sociales essentielles. L’élimination de la publicité réduirait aussi la production, le transport et la vente de produits superflus. (…) l’élimination des inégalités signifierait que nous n’aurions plus besoin des services de la majorité des millions de personnes actuellement employées comme portiers, gardes de sécurité privés, gardiens de prison ou membres de forces spéciales d’intervention, sans parler des militaires. Au-delà de cela il faudrait faire des recherches. Les financiers, les assureurs et les courtiers en valeurs mobilières sont tous essentiellement des parasites (…). L’un dans l’autre, si nous définissons le travail qui est vraiment nécessaire pour maintenir un niveau de vie confortable et écologiquement durable, et si nous redistribuons les heures de travail, le programme Wobbly pourrait se révéler parfaitement réaliste. D’autant que ce n’est pas comme si quelqu’un allait être forcé d’arrêter de travailler après quatre heures, s’il souhaite continuer. Beaucoup de personnes aiment leur emploi , sûrement plus que de paresser toute la journée ( c’est pourquoi dans les prisons, ils privent les détenus de leur droit au travail quand ils veulent les punir), et beaucoup plus encore l’aimeraient si on éliminait les humiliations continuelles et les jeux sadomasochistes qui découlent inévitablement de l’organisation hiérarchique. Il pourrait même se révéler que personne n’aurait à travailler plus qu’il ne le souhaite.

    Cela soulève bien sûr la question « qui effectuera le sale boulot ? », une question qui est toujours lancée aux anarchistes et autres utopistes. Pierre Kropotkine a fait remarquer il y a longtemps que c’était un sophisme. Il n’y a pas de raison pour qu’il y ait des sales boulots. Si on divisait les taches désagréables également, tous les scientifiques et ingénieurs de renom devraient aussi les effectuer ; et on pourrait alors s’attendre à ce que des cuisines autonettoyantes et des robots pour l’extraction du charbon soient conçus presque instantanément.

    P 34

    Exemple des Piaroa

    Ils accordent une grande valeur à la liberté et à l’autonomie individuelles et veillent à ce que personne ne soit jamais sous les ordres de quelqu’un d’autre, et à ce que personne n’obtienne le contrôle des ressources économiques tel qu’il puisse être utilisé pour restreindre la liberté des autres. Pourtant les Piaroa insistent aussi que la culture piaroa elle-même, a été créée par un dieu maléfique, un bouffon cannibale à deux têtes. (…) les piaroa sont reconnus pour leur pacifisme, le meurtre n’existe pas, (…) notons qu’il y a un contraste frappant entre le contenu cosmologique qui est pour le moins tumultueux, et le processus social qui, lui, recherche la médiation et le consensus.

    P 57

    Il y a longtemps eu un débat sur l’avantage spécial dont disposait « l’Occident » (comme l’Europe de l’Ouest et ses colonies se plaisait à s’appeler) sur le reste du monde et qui lui avait permis d’en conquérir une si grande partie au cours des quatre siècles qui s’étendent de 1500 à 1900. (…) peut-être n’était-ce qu’une coïncidence. Il se trouvait que l’Europe de l’Ouest était située dans la région de l’Ancien Monde d’où il était le plus facile de voguer vers le Nouveau Monde. Ceux qui l’ont fait les premiers avaient la chance incroyable de découvrir des terres débordantes de richesses, peuplées de populations à l’âge de pierre sans défense et qui ont, fort à propos, commencé à mourir presque dès le moment où les Européens ont débarqué. La manne qui en a résulté et l’avantage démographique de disposer de terres pour écouler leurs excédents de population étaient amplement suffisants pour expliquer les succès ultérieurs des puissances européennes.

    P 67

    La documentation sur l’ethnogenèse est assez récente, mais il est de plus en plus clair que la majeure partie de l’histoire humaine a été caractérisée par un changement social constant. (…) nombre de ceux que nous percevons aujourd’hui comme des tribus, des nations ou des groupes ethniques étaient à l’origine des projets collectifs d’une sorte ou d’une autre. (…) on avançait en sculptant la chair, au sens propre comme au sens figuré, par la musique et les rituels, la nourriture et les vêtements, et les pratiques funéraires. C’est en partie pour cela qu’avec le temps, ce qui au départ est un projet devient une identité, une identité qui peut elle-même paraître en continuité avec la nature, ancrée en elle. Les projets s’ossifient et se solidifient en vérités ou en caractéristiques collectives qui ont la force de l’évidence.