Et si on se regardait une série cette semaine ?

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  • 1. Reynald Harlaut Le 18/04/2021

  Les secrets des fleurs sauvages – Les prés et les champs
  J’ai visionné hier, sur ARTE Replay, l’épisode de la série « Les secrets des fleurs sauvages » intitulé « Les prés et les champs », de l’excellent Thierry Ragobert.
  C’est un merveilleux appel au chant de la nature. Observant l’une de ces prairies naturelles constellées de fleurs sauvages, me sont revenus à l’esprit des éléments du récit que nous fit, il y aura bientôt quatorze ans, le grand céramiste Daniel de Montmollin. Frère Daniel, de la communauté de Taizé (Saône-et-Loire), aura cette année cent ans au mois d’août. C’était le 24 novembre 2007, au musée Canel de Pont-Audemer (Eure), à l’occasion de l’inauguration d’une exposition qui lui était principalement consacrée, intitulée « Émaux et Merveilles », rassemblant des œuvres de la collection Charles-Adrien Buéno.
  Daniel de Montmollin est l’un des plus éminents céramistes contemporains mondiaux, reconnu pour avoir consacré sa vie à l’étude des émaux. Avant lui, les trouvailles de la plupart des céramistes en ce domaine, relevaient le plus souvent de recherches empiriques, fruits d’années d’expérimentation et de tâtonnements. Frère Daniel les a théorisées en leur apportant une base scientifique aujourd’hui partout reconnue.
  Pour faire simple, l’obtention d’un émail passe par une loi naturelle qu’on appelle eutexie. Si l’on prend séparément les composants d’un émail et qu’on cherche à les faire fondre, on se heurtera aux pires difficultés car il faudra atteindre parfois plusieurs milliers de degrés pour y parvenir. Mais lorsqu’on réunit ces composants dans les bonnes proportions, comme par miracle, le point de fusion de l’ensemble s’abaisse entre 1 000°C et 1 300°C, permettant ainsi l’obtention de l’émail. C’est cela l’eutexie.
  Daniel de Montmollin est entre autres, un très grand spécialiste des émaux de cendres. Prenant pour exemple la première de ses pièces exposées, il nous dit d’abord qu’elle avait été émaillée avec les cendres des plantes (herbes et fleurs) d’une prairie naturelle. Et voici ce qu’il nous expliqua ensuite à propos des prairies naturelles : « Ce qui est étonnant avec les cendres par exemple, - il s'agit là d'un cas exceptionnel, mais c'est tellement remarquable que je ne veux pas oublier de le citer -, c'est que lorsqu'une prairie n'a connu ni labours ni engrais, on est alors en présence d'une prairie naturelle qui s'est formée par une sorte de sociologie végétale : les plantes en place accueillent certaines plantes ou en rejettent d'autres. Et il se trouve que les cendres d'une prairie naturelle, c'est un émail. Comprenne qui pourra ! Moi, je n'ai pas encore trouvé l'explication : pourquoi y a-t-il dans une prairie naturelle un équilibre qui est celui qu'on va retrouver dans la composition d'un émail ? Quelle conclusion doit-on tirer de tout cela ? »
  On peut trouver dans ce phénomène naturel une explication de nature philosophique. Lorsque les plantes – ou les animaux, ou les hommes – vivent en harmonie, la fusion est possible. À méditer.
  Reynald Harlaut 18/04/2021
  Bibliographie :
  Montmollin, Daniel de, l’Art de Cendres – Émaux de grès et cendres végétales, Éd. des presses de Taizé, 1976.
  Émaux et Merveilles, Collection Charles-Adrien Buéno, Musée Alfred Canel, Pont-Audemer (Eure), Exposition, 6 octobre-30 décembre 2007. Rencontre avec Daniel de Montmollin, céramiste, 27 novembre 2007, Conférence, Archives RH.

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