« CANDIDE 2017 » Une question cruciale d’énergie … !

cet article a été mis en ligne le 25 juillet 2016 sur le blog du club médiapart
 

OUI à la projection dans le futur partagé par les individus, avènement du foisonnement créatif de la Vie. A défaut, les sociétés se détruisent, les individus deviennent fous, en cohérence avec le second Principe de la thermodynamique... Notre présent politique pour 2017 !

La thermodynamique enseigne les grands principes physiques universels, parmi eux le deuxième principe :

Connu sous le nom de principe de Carnot, il établit l'irréversibilité des phénomènes physiques. Il fut énoncé pour la première fois par Sadi Carnot en 1824. Le second principe introduit la fonction d'état « entropie » assimilée à la notion de désordre qui ne peut que croître au cours d'une transformation réelle. L’énergie est dégradée lors de sa valorisation de façon irréversible sous forme de chaleur.

Mais, revenons à la situation de la civilisation occidentale mondialisée dans laquelle nous nous inscrivons et regardons-là sous le prisme de ce principe physique universel.

L’énergie est principalement reçue sur notre planète du soleil (s’y adjoint une part infime d’énergie géothermique a pour origine la chaleur dégagée au centre de la Terre). Cette énergie est valorisée par les systèmes vivants qui utilisent l’énergie solaire grâce à la chlorophylle des plantes, des arbres, des algues.

Durant toute l’histoire de l’humanité, l’énergie dont dispose l’homme est toujours reçue de l’énergie solaire : c’est elle qui lui donne sa force au travers de ses aliments, elle qui nourrit ses animaux de trait qui eux-mêmes démultiplient sa capacité de travail, elle qui alimente ses machines au travers de l’énergie éolienne (l’origine de cette énergie est elle-aussi solaire), de l’énergie hydraulique (le cycle de l’eau trouve son énergie aussi dans le soleil).
Puis à partir du début du 19è siècle l’homme se met à puiser dans des réserves considérables d’énergie solaire cette fois stockée sous terre (pétrole-gaz-charbon provenant de la transformation géologique et de la conservation de quantités extravagantes de masses végétales produites sur de longues périodes lors d’ères géologiques anciennes, alors que l’atmosphère n’avait pas la composition actuelle). Ce faisant l’homme rencontre des capacités de production qui lui paraissent soudainement illimitées (ces stocks, non renouvelables par nature, même considérables, sont en fait menacés aujourd’hui d’épuisement du fait du rythme frénétique de leur consommation).

Cette période de modernité a donné lieu à des perversions qui ne sont pas sans lien avec le déferlement de la vague énergétique sur notre monde :
- l’homme a du s’adapter pour canaliser ce flux permanent de kilowatts : la planification, la spécialisation, la standardisation ont été imposés par les nouvelles cadences et les appétits libérés.
- les guerres industrielles ont envahi les espaces avec des périodes de répit de plus en plus comptées. L’homme y a connu la condition la plus basse, objet de toutes les tortures, nié dans son humanité.

L’énergie industrielle libérée à foisons a formaté un homme de plus en plus dépendant, de plus en plus soumis à des schémas imposés qui rognent son temps, son espace, ses libertés. La spécialisation de l’homme, idéologisée comme nécessité économique par nature, est en fait l’obligation contingente de l’accès aux énergies massives.

L’énergie industrielle devenue exponentielle a aussi, en cohérence avec le principe de Carnot, dégagé un surplus de chaleur que la Terre retient dans son atmosphère. Cela se traduit en un déséquilibre thermodynamique de notre planète qui par sa rapidité et son ampleur, commence à bouleverser la totalité des équilibres physiques et biologiques, et affectent de façon irréversible les formes de vie présentes sur notre planète.

Ces dernières années et singulièrement ces derniers mois, nous commençons à connaitre des stades nouveaux de ces perversions : l’aliénation au « surflux » énergétique ininterrompu produit un formatage de l’humain de plus en plus simplifié dans ses concepts, dans sa tolérance à la variation, au fur et à mesure de l’accélération des cadences. Et cela se traduit jusque dans le champ politique par l’émergence de « prêt à consommer » dont les ingrédients et les effets secondaires sont mal identifiés. Le second principe amène désormais le chaos jusque dans les urnes (c’est bien lorsqu’il se réclame de l’ordre et de la loi que le politique est le plus pourvoyeur de chaos).

Concomitamment, la situation de notre environnement planétaire fragilisé réclame une créativité intellectuelle aigüe aux antipodes de ces simplifications dévoyées et corrompues.

La Vie et sa créativité foisonnante est bien le seul processus qui inverse (momentanément) le cours du second principe : les transformations vivantes construisent l’ordre vivant, en capitalisant de l’information et en valorisant de ce fait au mieux l’énergie consommée (même si, au final, le Principe de Carnot finit par s’appliquer, avec la mort retardée mais inéluctable et le grand chaos qui en résulte que nous cherchons toujours à repousser).

Lorsque le « surflux » d’énergie conduit à des accélérations de processus qui dépassent largement les capacités d’analyse de l’esprit humain, situation que nous connaissons actuellement avec les traitements automatisés de l’information, il génère la folie des individus qui se traduit en autodestructions (suicide) et en formes nouvelles de barbaries (*). Face au déroulement de ce processus mortifère, la raison humaine, « faculté synthétique de désirer, de connaître, de juger », seule antidote, s’incarne en « pro tensions collectives positives », c’est-à-dire en projections dans le futur partagé des individus.

Nous en sommes là ! Appelons cette « pro tension collective positive » de nos vœux et conjurons l’abject qui sourd de toutes parts.
L’échéance de mai 2017 est notre futur partagé : il sera autodestruction de la société où les individus sombrent dans la folie qui les conduit au suicide ou renouveau du désir, de l’action, de la Vie…

 

 

(*) - idée développée dans le livre de Bernard Stiegler « Dans la disruption comment ne pas devenir fou », Les Liens qui libèrent, 2016, http://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/dans-la-disruption-par-bernard-stiegler

cet article a été mis en ligne le 25 juillet 2016 sur le blog du club médiapart
 

 

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