Fiches de lecture

  • Féminicène de Vera Nikolski Ed¨Fayard

    Feminicene vera nikolski

    Voici quelqies extraits de l'interview disponible sur la chaine Elucid de l'auteure de ce livre:

  • David Graeber Pour une anthropologie anarchiste

    David Graeber David graeber notes de lecturedavid-graeber-notes-de-lecture.pdf (83.39 Ko)

    Pour une anthropologie anarchiste

    Lux éditions, 2004

    Extraits

    P92-93

    Pendant les manifestations qui ont précédé le Forum économique mondial, une brochette d’hommes d’affaires importants, d’attachés de presse de grandes entreprises et de politiciens, tout en développant des réseaux de relation et en buvant des cocktails au Waldorf Astoria, prétendaient discuter des moyens de réduire la pauvreté mondiale. J’ai été invité à participer à un débat à la radio avec un de leurs représentants. La tâche a finalement échu à un autre militant, mais je me suis rendu assez loin pour préparer un programme en trois points qui, je pense, aurait bien résolu le problème :

    • L’annulation immédiate de la dette internationale (une amnistie pour les dettes personnelles n’est peut-être pas une mauvaise idée non plus, mais c’est une autre question) ;
    • L’annulation immédiate de tous les brevets et autres droits de propriété intellectuelle liés aux technologies de plus d’un an ;
    • L’élimination de toutes les restrictions à la liberté de déplacement ou de choix de lieu de résidence dans le monde.

    Le reste se règlerait tout seul ou presque. Aussitôt qu’il ne serait plus interdit à l’habitant moyen de Tanzanie ou du Laos de s’installer à Minneapolis ou à Rotterdam, les gouvernements de tous les pays riches et puissants dans le monde décideraient certainement que rien n’est plus important que de trouver un moyen de s’assurer que les personnes en Tanzanie ou au Laos préfèrent y rester. Pensez-vous vraiment qu’ils ne trouveraient pas une solution ?

    (…) Mais me direz-vous, ces demandes sont complètement irréalistes ! C’est vrai. Mais pourquoi le sont-elles ? ¨Principalement parce que ces hommes riches réunis au Waldorf ne les tolèreraient jamais. C’est pourquoi nous disons que ce sont eux le problème.

    P 83-84

    Les efforts incessants pour « naturaliser » le capitalisme en le réduisant à une question de calcul commercial (ce qui permet ensuite de prétendre qu’il est aussi ancien que Sumer) rendent impérative cette proposition d’une autre théorie du capitalisme :

    Nous avons besoin, à tout le moins, d’une théorie adéquate du travail salarié et des autres relations apparentées. C’est, après tout, dans le travail salarié, et non en achetant et en vendant, que la plupart des humains gaspillent aujourd’hui la majeure partie de leurs journées, et c’est ce qui les rend malheureux. (Par conséquent, les Industrial Workers of the World IWW ne disaient pas qu’ils étaient anticapitalistes même s’ils l’étaient ; ils allaient droit au but et disaient être « contre le système du salariat »). Les premiers contrats de travail salarié que nous possédons semblent concerner la location d’esclaves. Et si notre modèle du capitalisme partait de là ? Si des anthropologues comme Jonathan Friedman avancent que les formes anciennes d’esclavage étaient simplement une version plus ancienne du capitalisme, on pourrait tout aussi bien démontrer – à vrai dire, beaucoup plus facilement – que le capitalisme moderne est juste une nouvelle version de l’esclavage. Plutôt que d’être vendus ou loués par d’autres, on se loue soi-même. Mais c’est essentiellement la même sorte d’arrangement.

    P 93-94

    Pour les anarchistes, la lutte contre le travail a toujours été centrale, comprise non comme la lutte pour de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail, mais comme l’élimination totale du travail en tant que relation de domination. D’où le slogan des Industrial Workers of the World (IWW) « contre le système salarial ». C’est un objectif à long terme bien sûr. A court terme, ce qui ne peut être éliminé peut au moins être limité. Au tournant du siècle dernier, les Wobblies et autres anarchistes ont joué un rôle central dans l’obtention de la semaine de cinq jours et de la journée de huit heures. Dans les années 20 et à nouveau aujourd’hui, ce qui devait être la nouvelle étape de leur programme est la semaine de 16 heures (« la semaine de quatre jours, la journée de quatre heures). Encore une fois, cela semble complètement irréaliste et même insensé. Mais quelqu’un a-t-il réalisé une étude de faisabilité ? Après tout, il a été démontré à plusieurs reprises qu’un nombre important des heures travaillées aux États-Unis ne sont nécessaires, en fait, que pour remédier aux problèmes engendrés par le fait que les Américains travaillent trop. (prenez par exemple, des emplois comme livreurs de pizzas de nuit ou toiletteur pour chiens, ou ces femmes qui tiennent des garderies de nuit pour les enfants des femmes qui doivent travailler la nuit pour garder les enfants de femme d’affaires… sans mentionner les heures interminables que passent les spécialistes à réparer les dommages émotionnels et physiques causés par le surmenage, les blessures, les suicides, les divorces, les déchaînements meurtriers, la production de médicaments pour calmer les enfants…)

    Quels emplois sont vraiment nécessaires alors ?

    Eh bien pour commencer, il y a beaucoup d’emplois dont la disparition serait, de l’avis général, un gain net pour l’humanité. Prenez, par exemple, les télévendeurs, les fabricants de véhicules utilitaires sport « allongés », et, puisqu’on y est, les avocats d’entreprise. Nous pourrions aussi éliminer toute l’industrie de la publicité et des relations publiques, renvoyer tous les politiciens et leur personnel (…) et nous serions encore très loin des fonctions sociales essentielles. L’élimination de la publicité réduirait aussi la production, le transport et la vente de produits superflus. (…) l’élimination des inégalités signifierait que nous n’aurions plus besoin des services de la majorité des millions de personnes actuellement employées comme portiers, gardes de sécurité privés, gardiens de prison ou membres de forces spéciales d’intervention, sans parler des militaires. Au-delà de cela il faudrait faire des recherches. Les financiers, les assureurs et les courtiers en valeurs mobilières sont tous essentiellement des parasites (…). L’un dans l’autre, si nous définissons le travail qui est vraiment nécessaire pour maintenir un niveau de vie confortable et écologiquement durable, et si nous redistribuons les heures de travail, le programme Wobbly pourrait se révéler parfaitement réaliste. D’autant que ce n’est pas comme si quelqu’un allait être forcé d’arrêter de travailler après quatre heures, s’il souhaite continuer. Beaucoup de personnes aiment leur emploi , sûrement plus que de paresser toute la journée ( c’est pourquoi dans les prisons, ils privent les détenus de leur droit au travail quand ils veulent les punir), et beaucoup plus encore l’aimeraient si on éliminait les humiliations continuelles et les jeux sadomasochistes qui découlent inévitablement de l’organisation hiérarchique. Il pourrait même se révéler que personne n’aurait à travailler plus qu’il ne le souhaite.

    Cela soulève bien sûr la question « qui effectuera le sale boulot ? », une question qui est toujours lancée aux anarchistes et autres utopistes. Pierre Kropotkine a fait remarquer il y a longtemps que c’était un sophisme. Il n’y a pas de raison pour qu’il y ait des sales boulots. Si on divisait les taches désagréables également, tous les scientifiques et ingénieurs de renom devraient aussi les effectuer ; et on pourrait alors s’attendre à ce que des cuisines autonettoyantes et des robots pour l’extraction du charbon soient conçus presque instantanément.

    P 34

    Exemple des Piaroa

    Ils accordent une grande valeur à la liberté et à l’autonomie individuelles et veillent à ce que personne ne soit jamais sous les ordres de quelqu’un d’autre, et à ce que personne n’obtienne le contrôle des ressources économiques tel qu’il puisse être utilisé pour restreindre la liberté des autres. Pourtant les Piaroa insistent aussi que la culture piaroa elle-même, a été créée par un dieu maléfique, un bouffon cannibale à deux têtes. (…) les piaroa sont reconnus pour leur pacifisme, le meurtre n’existe pas, (…) notons qu’il y a un contraste frappant entre le contenu cosmologique qui est pour le moins tumultueux, et le processus social qui, lui, recherche la médiation et le consensus.

    P 57

    Il y a longtemps eu un débat sur l’avantage spécial dont disposait « l’Occident » (comme l’Europe de l’Ouest et ses colonies se plaisait à s’appeler) sur le reste du monde et qui lui avait permis d’en conquérir une si grande partie au cours des quatre siècles qui s’étendent de 1500 à 1900. (…) peut-être n’était-ce qu’une coïncidence. Il se trouvait que l’Europe de l’Ouest était située dans la région de l’Ancien Monde d’où il était le plus facile de voguer vers le Nouveau Monde. Ceux qui l’ont fait les premiers avaient la chance incroyable de découvrir des terres débordantes de richesses, peuplées de populations à l’âge de pierre sans défense et qui ont, fort à propos, commencé à mourir presque dès le moment où les Européens ont débarqué. La manne qui en a résulté et l’avantage démographique de disposer de terres pour écouler leurs excédents de population étaient amplement suffisants pour expliquer les succès ultérieurs des puissances européennes.

    P 67

    La documentation sur l’ethnogenèse est assez récente, mais il est de plus en plus clair que la majeure partie de l’histoire humaine a été caractérisée par un changement social constant. (…) nombre de ceux que nous percevons aujourd’hui comme des tribus, des nations ou des groupes ethniques étaient à l’origine des projets collectifs d’une sorte ou d’une autre. (…) on avançait en sculptant la chair, au sens propre comme au sens figuré, par la musique et les rituels, la nourriture et les vêtements, et les pratiques funéraires. C’est en partie pour cela qu’avec le temps, ce qui au départ est un projet devient une identité, une identité qui peut elle-même paraître en continuité avec la nature, ancrée en elle. Les projets s’ossifient et se solidifient en vérités ou en caractéristiques collectives qui ont la force de l’évidence.

  • CHIMIOterra

    Sylvain DESMAISON a publié récemment cet opus poétique et militant: CHIMIOterra aux Editions L'Harmattan
    Voici la couverture et la 4è de couverture:

    Chimio terra

    4e couv

    Dedicace Dedicace 1

  • J'ai vu le film "Une fois que tu sais"

    Film : Une fois que tu sais (bande annonce)

    Une fois que tu sais

    Je savais déjà …

    Lassitude de voir une approche déjà vue maintes fois : le jeune privilégié qui prend l’avion pour aller voir ailleurs, les belles images esthétisées… la rencontre avec quelques belles personnes qui énoncent de belles idées mais …

    Le mot « capitalisme » n’est pas prononcé, la logique extractiviste n’est pas approfondie, le désordre social et les injustices ne sont pas abordées. Et le film ne prend pas en compte ce qui s’est passé depuis mars 2020, pas mal de choses ont changé depuis...

    Il faut remettre l’action locale, le groupe de personnes en action au cœur du message, rencontrer les jeunes, les enfants, faire avec eux, remettre au cœur la commune, les communs.

    Ce qui malgré tout est intéressant dans ce film : l’accent mis sur les migrations climatiques et leurs causes, l’inéluctable d’un terrorisme à venir qui combattra l’injustice primordiale des pays émetteurs Vs pays impactés, l’adaptation vécue au Bangladesh face à la montée des eaux et la rage des populations à survivre malgré tout face à l’adversité du climat déréglé et à l’absence de solidarité internationale.

     

  • Bure ou le scandale enfoui des déchets nucléaires

    L'association SykADAP est un lieu militant d'information et d'action autour de luttes parfois locales, mais également nationales. La ville de Bure fait partie de ces lieux emblématiques de lutte et pour la comprendre nous vous présentons la bande-dessinée parue en octobre 2020 retraçant la courageuse enquête de Pierre Bonneau et Gaspard d'Allens, et illustrée par Cécile Guillard : CENT MILLE ANS - Bure ou le scandale enfoui des déchets nucléaires.

    Ce volume révèle les enjeux de la bataille qui se jouent sur ce territoire de la Meuse : "Un projet au doux nom de CIGEO, Centre industriel de stockage géologique. Son ambition : enfouir à 500 mètres sous terre 85 000 mètres cubes de "déchets ultimes"... Dans 270 kilomètres de galeries taillées dans la roche argileuse. Plus que le métro parisien." Un projet qui fait froid dans le dos donc, et qui semblent progresser au mépris des risques, contestations.

     

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    Après plusieurs années de reportage, au fil des témoignages, documents d’archives, rapports, nous suivons l’histoire de ce projet d’enfouissement : sa genèse, les démarches politiques qui ont mené vers le choix de ce territoire, les débats, la construction progressive d’une lutte locale, l’autoritarisme qui fait face à la contestation et le clientélisme qui achète les consciences. Une enquête implacable, effrayante, à laquelle les dessins de Cécile Guillard confèrent une forte puissance. Ses aquarelles retracent aussi bien la beauté de ce territoire, le courage de ces habitants en lutte… Que l’acharnement sécuritaire auquel ils font face. 

     

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    Des traits et des couleurs qui peuvent peut être rappeler les aquarelles d’Alessandro Pignocchi, autre chroniqueur des territoires en lutte ?

    Publiée aux Editions du Seuil, Collection La Revue Dessinée.

  • La Route de Jack London

    « LA ROUTE »

    de

    La routeJACK   LONDON

    Bibliothèque  SYKadap n° 352.

    Jack London :

    - écrivain américain,

    -né à San Francisco en 1876 et mort en Californie en 1916.

    « La route » :

    «Si j’ai pris la route c’est parce que je n’ai pas pu l’éviter parce que je n’avais pas le prix d’un billet de chemin de fer en poche, parce que mon tempérament m’interdisait de faire toute ma vie le même métier au même endroit , parce que tout simplement parce qu’il était plus facile de prendre cette décision plutôt que de ne pas la prendre .»

    Un récit d’aventures dont il est lui-même le héros.

    En 1893-1894, il  a 18 ans et décide de prendre la route.

    Il parcourt ainsi  20 000km sur le réseau ferré américain avec « les hobos », vagabonds voyageurs qui « brûlent le dur » (voyagent sans billet)....non sans dangers !

    Il nous montre  ainsi comment

    - avec agilité, force et astuces s’agripper à un train en marche ,y descendre incognito …à la manière d’un Belmondo ou d’un James Bond !!!!

    -raconter une bonne histoire c’est le moyen de ne pas mourir de faim,

    -échapper aux taureaux (les policiers) et survivre en prison.

    Charlie Chaplin a peut-être pu s’en inspirer !

    2)

    Un témoignage sur le vagabondage  aux Etats –Unis

    En 1893, le pays  est ravagé par une crise financière et de l’emploi.

    Le héros va partager la vie d’une armée de 100 000 chômeurs traversant le pays  pour obtenir du président, à Washington , le lancement de travaux publics.

    Il nous livre ainsi une étude sociologique  et ethnographique de ces  millions de vagabonds.

    3)

    La route :Une autre manière de voir la vie , de la vivre.

    50 ans après   Jack  Kérouac  a intitulé son roman –phare « Sur la route » 

    ( Bibliothèque SYKadap N° 354.)

    en hommage à celui de Jack London !

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  • Où suis-je? de Bruno LATOUR

    Leçons du confinement à l'usage des terrestres

    LIRE UN EXTRAIT

    https://fr.calameo.com/read/000215022b39994b27aba

    Ou suis je

    Depuis la terrible expérience du confinement, les États comme les individus cherchent tous comment se déconfiner, en espérant revenir aussi vite que possible au « monde d’avant » grâce à une « reprise » aussi rapide que possible. Mais il y a une autre façon de tirer les leçons de cette épreuve, en tout cas pour le bénéfice de ceux que l’on pourrait appeler les terrestres. Ceux-là se doutent qu’ils ne se déconfineront pas, d’autant que la crise sanitaire s’encastre dans une autre crise bien plus grave, celle imposée par le Nouveau Régime Climatique. Si nous en étions capables, l’apprentissage du confinement serait une chance à saisir : celle de comprendre enfin où nous habitons, dans quelle terre nous allons pouvoir enfin nous envelopper — à défaut de nous développer à l’ancienne ! Où suis-je ? fait assez logiquement suite au livre précédent, Où atterrir ?ÂComment s’orienter en politique. Après avoir atterri, parfois violemment, il faut bien que les terrestres explorent le sol où ils vont désormais habiter et retrouvent le goût de la liberté et de l’émancipation mais autrement situées. Tel est l’objet de cet essai sous forme de courts chapitres dont chacun explore une figure possible de cette métaphysique du déconfinement à laquelle nous oblige l’étrange époque où nous vivons.

     

    émission de France Culture du 25 janvier 2021

     

    émission de France Culture du 30 janvier 2021 "de prcohe en proche"

     

  • Les îlots de chaleur urbains (ICU)

    Suite au webinaire organisé aujourd'hui par le Cerema sur "La résilience urbaine et le confort thermique face aux îlots de chaleur", je vous propose une note de synthèse des éléments essentiels à connaître sur le sujet. 

    Avec l’amplification des effets du changement climatique, la lutte contre les îlots de chaleur urbains (ICU) et la surchauffe urbaine devient un enjeu majeur de santé et de bien être. Le climat urbain évolue à cause :

    - du réchauffement climatique, plus sensible à partir de 2050

    - de la transformation et de l’expansion de la structure des villes

    - et de la modification des modes de vie liée à l’évolution des technologies.

     

    Les ICU sont dus à la configuration urbaine et à l’activité anthropologique

    Le phénomène des ICU est un effet climatique constituant un écart de température entre la ville et sa périphérie.

     


    L'ICU n'existe pas parce qu'il y a le changement climatique, mais bien parce qu'il y a la ville. Le rayonnement solaire dans les villes contribue au réchauffement des ICU car les surfaces minérales absorbent la chaleur et la rejettent la nuit. Le minéral se refroidit moins vite que les surfaces végétalisées car elles absorbent la chaleur et la rejettent en fraîcheur. Les surfaces ouvertes (rurales) sont plus fraîches, il y a plus de dissipation de chaleur qu’en milieu urbain.

    ​​​​​​​

    Le phénomène de transpiration des plantes et d’évaporation de l’eau du sol vers l’atmosphère est appelé l’évapotranspiration (voir schéma ci-dessus). Ce phénomène provient de différents flux d'eau retournant vers l'atmosphère sous forme de vapeur. La canicule de 2003 a provoqué de nombreux décès principalement dus à la chaleur dégagée par les bâtiments, la configuration urbaine des rues, le stockage sur le matériau (le plus grand influenceur de chaleur) et la chaleur dégagée par les transports (12 à 15% d’émissions).

     

    L'aménagement végétal rafraîchit mais l’impact est très dépendant de la configuration urbaine

    Des exemples concrets tels que les cours OASIS (Ouverture, Adaptation, Sensibilisation, Innovation et lien Social) à Paris, sont des aménagements à démarche éco-innovante, d’éco-conception bioclimatique et à impact socio-économique. Offrant davantage de confort lors de périodes de fortes chaleurs, ce type d'aménagement est constitué généralement d'un revêtement du sol perméable, d'une cour végétalisée, d'un jardin-potager...

    Voyage d'étude OASIS en Belgique

    Source image : www.caue75.fr

     

    Pour conclure, ​​​​​​​Il y a encore un manque important de connaissances transversales sur le sujet de rafraîchissement de ville. Il faut privilégier une démarche d’aménagement territoriale qui intègre d’autres enjeux et qui fait appel aux services éco-systémiques (Gestion des Eaux Pluviales, continuités écologiques, lutte contre les ICU…).

    Pour favoriser la fraîcheur en ville, il faut :

    - Quantifier l’influence de l’aménagement urbain sur le climat à l’échelle du quartier

    - Renforcer la présence de la nature et de l’eau au sein des projets d’aménagement

    - Concevoir les bâtiments de manière techniquement adaptée

    - Optimiser l’organisation spatiale.

  • La chambre à gaz à effet de serre

    la néo chambre à gaz

    Les nazis avaient imaginé les chambres à gaz pour exterminer les juifs, les tziganes, les homosexuels (pour commencer…), après une progression irrésistible, ils ont été stoppés dans leur élan.
    Les riches imaginent aujourd’hui exterminer les pauvres par la chambre à gaz à effets de serre qu’ils construisent méticuleusement. Quels alliés les arrêteront dans ce projet funeste ?

    Monique Pinçon-Charlot sociologue du CNRS pousse l’expertise au bout de la logique et c’est elle qui en parle le mieux.

     

  • le livre de Bruno Latour fait parler

    Laurent MERMET propose une critique du livre de Bruno LATOUR "Où atterrir?" "Comment s'orienter en politique"

    cf conférence de Bruno LATOUR sur son livre "Où atterrir?"

     

    Voici notre analyse critique de l'analyse critique de Laurent MERMET !

    Réponse à Laurent MERMET sur son analyse du « Où atterrir ? » de Bruno LATOUR

    1°) Le sens moral universel (qui peut se concrétiser aujourd’hui dans la notion de Droits de l’Homme et du Vivant) ne serait peut-être pas un horizon de la mondialisation, donc pas du tout de même nature que l’avènement technologique généralisé. Cf : Baptiste MORIZOT « Les diplomates » "cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant" p173 : « la morale coercitive émergerait comme une nécessité de réguler par des normes les comportements malveillants, dans une espèce chez qui est apparue la préméditation, où l’offense n’est pas oubliée, et où les capacités de nuisance entre congénères du même groupe sont démultipliées par l’intelligence machiavélienne. C’est une autre généalogie de la morale que celle de Darwin, Leopold et Callicot, qui postulent une continuité des « sentiments sociaux » vers le sens moral. »

    2) Faire un raccourci entre des médias qui ne font pas le travail de compréhension et ont des biais de manipulation et l’approche de Bruno LATOUR qui considèrerait TRUMP comme un idiot, est-ce en cohérence avec le contenu du livre ? S’interdire de pousser la comparaison de TRUMP jusqu’à HITLER (lui non plus n’était vraisemblablement pas un idiot), pourquoi cette limite ? HITLER a pu avoir un rôle structurant géopolitique du même type que celui que Laurent MERMET convoque chez CHURCHILL. La différence qui les séparerait ne serait-elle pas du registre de la « morale coercitive » au sens de Baptiste MORIZOT. Ne serait-on pas dans une configuration finalement assez comparable avec un TRUMP qui remet en cause les équilibres géopolitiques de la planète mais a aussi un impact physico-biochimique et donc une capacité de nuisance incommensurable ?

    3) La question du territoire, ce que Laurent MERMET approche par la notion de « distributif », est un invariant de grandes catégories du vivant dont nous faisons partie. Cf Baptiste MORIZOT p 93 « la territorialité est une forme très particulière de compétition, dans laquelle l’animal n’a besoin de triompher que relativement peu de fois, voire une seule. Conséquemment, le résident dépense beaucoup moins d’énergie qu’il ne le ferait s’il était forcé à entrer en confrontation chaque qu’il entreprend de manger en présence d’un congénère. » Elle s’articule avec la notion de rapports de droits (de contrat voire d'avantage acquis) et celle de rapports de force et Baptiste MORIZOT introduit du contrat aussi chez les animaux en explicitant une approche diplomatique plutôt qu’un déploiement de négociations.

    Le corollaire en est un partage de la ressource selon des systèmes de droit et de pensée qui entrent en conflit. Par exemple notre système de droit fondé sur la propriété en conflit avec celui commun aux loups et à certains peuples aborigènes où « n’appartient à un autre prédateur que ce qu’il peut protéger » Cf p124-6. TRUMP pourrait aussi s’analyser selon une approche du droit et des rapports de force renouvelée qui inviterait à une relecture diplomatique d’envergure …

    Du coup cette notion de territoire à défendre entre en dialogue avec celle proposée par Bruno LATOUR qui nous invite à revisiter les Cahiers de Doléance.
    Les Cahiers de Doléances ne sont pas simplement un inventaire demandé par un puissant à ses sujets, ce serait confondre le point de départ avec les déploiements imprédictibles qui s'en sont suivis par tout un processus de relecture en profondeur des systèmes d’imposition et de détournement des ressources en vigueur à ce moment-là, sur fond de morale coercitive.
    Par les Cahiers de Doléance s’inaugure à nouveau un processus de compréhension profonde de notre propre territoire (c'est ce qui nous manquerait aujourd’hui et aurait manqué aux électeurs du Brexit ou de TRUMP: un diagnostic bien différent de simplement les considérer comme des idiots).
    Ce travail a été réalisé par le peuple français en 1789 avec les conséquences que l’on connaît et il peut être en train d’émerger à nouveau pour des raisons analogues en poursuite d'évènements en cours de novembre-décembre 2018.

    Le questionnaire de Bruno LATOUR a été pour notre collectif associatif opérant et éclairant : ce fut une bonne proposition de départ, dont nous nous sommes emparés en août dernier (cf Camp Climat 2018_le BILAN ). La réflexion va se poursuivre et s’en trouver vivifiée par le contexte actuel.

    4) Il est intéressant de discuter la représentation cartographique de Bruno LATOUR avec la proposition tridimensionnelle que propose Laurent MERMET.
    Laurent MERMET nous dit que l’opposition serait mal assumée entre local et terrestre par Bruno LATOUR. Pourquoi ? La dynamique d’un retour impossible à un local essentiellement vertueux nous paraît assez explicite. Et c’est d’ailleurs le caractère dynamique de la cartographie de Bruno LATOUR qui la rend innovante, performative et particulièrement intéressante. La représentation que propose Laurent MERMET de façon alternative revêt par contraste un caractère descriptif et statique et n’introduit pas de perspectives pour l’avenir.

    Cartographies comparees

     

    Laurent MERMET a répondu à notre critique (commentaire sur YouTube)

    Merci pour votre commentaire très argumenté. Nous sommes en désaccord, très clairement, sur tous les points que vous soulevez. Je rebondis sur deux.

    Vous opposez la diplomatie et la négociation; je dois dire que je peine à concevoir une diplomatie dont le fondement essentiel ne soit pas la négociation. La manière dont vous décrivez la diplomatie correspond d'ailleurs trait pour trait à la théorie de la régulation de Jean-Daniel Raynaud, pour qui ce que l'on négocie ce sont toujours des règles.

    Par ailleurs vous considérez ma cartographie comme statique et celle de Bruno Latour comme dynamique. Pour moi c'est l'inverse. Préoccupée essentiellement par la question "comment être progressiste aujourd'hui", la cartographie de Latour débouche sur l'ambition de faire confluer toutes les bonnes causes dans la direction du "terrestre" et de rejeter le reste dans l'obscurité de la bêtise ou de la méchanceté (le hors-sol, l'utopie globale, le local-moins, etc.). Cela débouche sur une sorte d'entonnoir où l'action pour l'écologie se trouve figée dans un conglomérat bloqué de cause convenues. A l'inverse, le fait de rendre aux trois tensions dialectiques profondes qui structurent notre espace politique leur plein espace de jeu et de sens rend de la marge de manoeuvre pour une analyse moins aveuglée par le manichéisme (ce que vous appelez descriptif), mais dégage aussi des marges de manoeuvre pour rendre plus diverses, plus variables selon les temps, les lieux et les forces - en un mot, plus dynamiques - les alliances et les orientations stratégiques et politiques de l'action en faveur de l'environnement (et de l'action politique tout court).